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Rotary Club
Genève Lac

Rotary-Club Genève-Lac Nº 221 - mars 2011

12 mars 2011

editorial par Jean-Fred Bourquin, président 2010-2011

Le rotarien, sa Rolls et son engagement social
Les membres du Rotary seraient des nantis qui se réunissent pour faire des affaires entre eux. Cerise sur le gâteau, ils se donneraient bonne conscience en versant quelques oboles aux plus pauvres.
Cette image colle à la peau de nos clubs et se voit relayée, notamment par certains medias. Dernier exemple en date, l’hebdomadaire Marianne qui déclare « qu’aux Etats-Unis, une poignée d’ultra riches en rupture de Rotary Club a décidé de jeter un pavé dans la mare bleu turquoise des nababs du monde entier ». Nous sommes nombreux à nous étonner, voire à nous indigner face à une représentation aussi stéréotypée. D’où vient-elle ? Elle nous invite à interroger nos pratiques et tenter quelques explications avant d’imaginer des solutions.
Sommes-nous des nantis ? Assumer des responsabilités professionnelles, bénéficier d’un cadre de vie et d’un travail de qualité, gagner honorablement sa vie, bénéficier d’une retraite décente, jouir d’une vie familiale et amicale épanouissante font de nous certes des nantis. Il n’y a pas de honte à l’être, à condition, comme l’invite à le faire le Rotary, de questionner, chacun dans son for intérieur, sur la manière d’utiliser ce que l’on possède. Et de partager. Les recommandations de l’organisation invitent à l’engagement personnel auprès des plus démunis, à la création d’une solidarité plus large que celle du club et à la culture du respect d’autrui dans sa vie privée et professionnelle.
Notre richesse s’évalue essentiellement à l’aune de nos expériences humaines et professionnelles, de nos qualités morales et « managériales » centrées sur la personne, de nos savoirs et facultés de réflexion et, enfin, de notre ouverture d’esprit. Ouverture, notamment, vers ceux qui ne partagent pas nos conditions de vie, notre système politique, notre culture. Autant de qualités et d’exigences qui font de nous des rotariens, non seulement au sein du club, mais également et surtout dans nos vies professionnelle et personnelle.
Faut-il informer plus largement à propos de nos actions sociales ? La morale chrétienne nous enseigne de donner dans l’anonymat en suivant les préceptes de l’Evangile selon saint Matthieu. Les rotariens seraient-ils empreints de la même discrétion ? La question fait déjà débat au sein de nos groupes de réflexion. Comment et sur quoi communiquer ? Une telle approche signifie interroger ce qui se joue en profondeur au sein de notre club et dans notre engagement personnel.
Elle contribue souvent à transformer ceux qui veulent communiquer. Cette perspective peut être un frein à notre manière de publiciser nos valeurs, notre réelle représentativité et notre action. Aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, par exemple, le Rotary bénéficie d’une bonne et forte image. Dans ces pays, les clubs font partie intégrante de la vie locale et régionale, prennent des initiatives qui leur paraissent essentielles à la collectivité et le font savoir.
Pourquoi servir ? La redistribution par la fiscalité ne suffit pas et, au niveau mondial, les grandes institutions ne parviennent pas à apporter des réponses définitives aux maux, encore nombreux, qui touchent les habitants de notre planète. Les regards se tournent vers les fondations, associations, entreprises, clubs service ou personnes privées pour tenter de contribuer à réguler les inégalités. Une question fondamentale se pose dès lors : Dans quelle mesure ne contribuons-nous pas, par notre manière de vivre et
nos attitudes politiques, con-sommation, préservation des avantages, course au profit, éducation, à entretenir voire à aggraver certains problèmes que nous tentons, de l’autre main, de soulager ? Le Rotary requiert de la cohérence. Il n’est pas engagé sur le plan politique, mais il l’est au plan moral. Il demande explicitement et implicitement que ses membres n’ajoutent pas aux injustices et aux désordres du monde, qu’ils s’engagent à soutenir des programmes mondiaux, régionaux et locaux qui oeuvrent pour le bien commun et qui tentent de compenser tant soit peu les déséquilibres inhérents au monde actuel.
Au moment où notre club réfléchit à son avenir et aux valeurs rotariennes, ces interrogations, brièvement résumées, me semblent faire échos aux propos entendus dans plusieurs groupes. Elles nous invitent à l’ouverture, à repenser nos propres représentations, parfois réductrices, voire stéréotypées.
Une manière active d’éviter de nous enfermer dans notre quant-à-soi, dans nos certitudes ou de dénoncer sans nuances ceux qui nous font de mauvais procès.
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